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Vérité et Histoire dans les Évangiles
-Qu’est-ce que la vérité ? demande Pilate à Jésus.
La recherche de l’évangile araméen primitif oblige à comparer de manière serrée les textes de Matthieu et de Marc, partout où ils traitent des mêmes épisodes.
Je me suis demandé pendant longtemps pourquoi le Christ en croix refuse de boire dans le texte sémitique alors que le Jésus grec accepte de boire... (après avoir dit : « J’ai soif. » dans l’Évangile de Jean !), jusqu'à ce que je découvre dans 1 Chr 11,16-19, que le roi David n'a pas voulu boire l'eau de la citerne de Bethléem, gardée par l’ennemi philistin.
Matthieu (27,34) cite littéralement : « il ne voulut pas boire. » Marc (15,23) dit : « il n'en prit pas. » ce qui garde le sens mais s’éloigne du texte des Chroniques.
Mieux encore : le roi David poursuit : « Que mon Dieu me punisse si je fais cela ! Est-ce que je boirais le sang de ces hommes au péril de leur vie ? Car c’est au péril de leur vie qu’ils l’ (l’eau) ont apportée. »
Ainsi se trouvent réunis l’eau et le sang, ce dont Jean saura se souvenir pour nous transmettre le coup de lance…
En disant : ceci est mon sang dans le texte grec des Évangiles, c’est sa vie que le Seigneur remet à Dieu le Père en souvenir du roi David et en bravant la Loi du Deutéronome.
Autre élément concernant la disparition de Jean Baptiste : Matthieu dit : ses disciples l'enterrèrent (Mt 14,12). Marc dit : le déposèrent dans un monument (comme Jésus - Mc 6,29). Le texte grec que seul Marc nous rapporte, insiste sur les mots repas, plat et monument, cherchant visiblement à rapprocher le destin de Jean Baptiste de celui de Jésus. Le texte grec – inconnu de Matthieu et donc en aval de celui-ci – témoigne d’une théologie plus élaborée que le récit d’origine.
Si pour les rédacteurs des évangiles le modèle de Jésus est le roi David (ce qui est si clair chez Jean), alors le fait que les archéologues n’aient trouvé dans la région de Jérusalem que quatre tombes à pierre roulée sur un millier – les quatre appartenant à la famille d’Hérode (!) – prend tout son sens.
Les évangélistes ont voulu une tombe royale pour Jésus !
La confrontation entre archéologues et historiens d’une part et le récit évangélique d’autre part, nous permet de dégager aujourd’hui l’intention du rédacteur. Nos connaissances progressant constamment, c’est l’intention du rédacteur qui s’affine peu à peu à notre lecture et qui s’affinera encore dans le futur.
Car il est de plus en plus clair que les évangélistes, comme les historiens de l’A.T, font de la théologie et non de l'histoire !
Francis LAPIERRE.